Préambule – Avant toute déclaration liminaire, parlant sur la demande de Michel Shanks de la Religion et de la Science, ni père de l’Eglise ni prince de la Science, bien plutôt je parlerai de l’Eglise comme un fils et de la Science comme l’un de ses serviteurs. Aussi nulle prétention de tout connaître et d’enseigner ex cathedra une vérité nouvelle qui mettrait fin à toute querelle.
Aussi bien je renie d’avance toute proposition qui rencontrerait la désapprobation de théologiens, et toute hypothèse que des observateurs plus sagaces trouveraient en contradiction avec les faits.
Quant aux théoriciens de tout poil qu’ils prêchent la mort de Dieu ou l’éternité de l’incohérence, que la providence leur soit en aide, je ne leur céderai un pouce qu’ils ne l’aient conquis de vive force ; et vive Dieu, ils ne l’auront pas tellement à l’aide si seulement à me souvenir de ce que je voulais vous dire.
La Foi dans la Science
Titre ambigu
1/ Avons-nous foi dans la Science et pourquoi ?
2/ La Foi diffère-t-elle de la Science ?
3/ La Science fait-elle obstacle à la Foi ?
4/ Peut on à la fois avoir la Foi dans la Science et la Foi dans la Foi?
1/ La Foi dans la Science
Pourquoi croyons-nous dans la science. Comme disait Mauriac à propos de Monod : ce professeur enseigne des choses encore bien plus incroyables que celles en qui l’humble fidèle ose mettre sa confiance.
a) La réussite technique – Par exemple construire des frigidaires ou des machines à laver des automobiles pour rouler sur la terre ou sur la lune – Puisque ça marche la théorie est vraie – vraie ce n’est pas si simple.
Les choses sur lesquelles raisonnent les physiciens les plus scrupuleux et les chimistes les plus méthodiques ne sont pas si simples. Par exemple les « électrons » petites billes d’électricité négative, tournent sur elles mêmes selon un mouvement appelé spin. Très bien – Mais suivant une trajectoire ondulatoire qui les amène à un statut moins précis. Mais vu de plus près – les (mots manquants). L’interférence d’un seul photon avec lui même. D’où un mètre de diamètre ce qui est un peu fort de café – Mais la Science le dit, donc il faut y croire. Soit je dirais même qu’il faut y croire un tant soit peu – Il faut se dépêcher de le faire pendant que c’est encore vrai. Il n’y a pas 20 ans on collait à l’examen les étudiants qui répondaient que l’homme avait 46 chromosomes au lieu du nombre scientifiquement établi de 48. Maintenant c’est le contraire. La bonne réponse est devenue 46 et tenez vous le pour dit.
Autrement dit nous jugeons de la science d’après l’efficacité de ses prédictions et la force de son pouvoir, mais aucun savant n’y croit au sens de s’engager à conserver une croyance fidèle aux dogmes qui lui furent enseignés dans sa jeunesse – Bien au contraire.
b) L ‘hypothèse d’une vérité supérieure
Pourquoi, parce que tous les savants préfèrent une connaissance dont ils ne font que rarement étalage, à savoir que les lois de la physique, de la biologie ou tout autre spécialité de même type ne sont que des codifications extrêmement simplifiées d’une réalité bien solide et vraie qui suit de véritables lois, c’est à dire obéit à un réseau de causes parfois très nombreuses dont l’intrication crée une nécessité.
c) La notion de hasard
Quand l’analyse ou le dénombrement des causes est compliqué on parle de hasard. On étudie alors simplement la probabilité d’apparition d’un évènement. Par exemple, quand un ministre des postes et télécommunications compétent (supposons un instant, c’est une hypothèse d’école et non une constatation historique) prévoit l’évolution des communications téléphoniques, il peut estimer qu’il s’enverra bien plus de cartes, lettres à l’époque du nouvel an, que dans la 2ème quinzaine de février par exemple.
Bien sûr il ne saura jamais pourquoi un tel désire écrire à un tel, ni même si finalement un tel se décidera à envoyer cette lettre non encore terminée. Tout ceci dans l’esprit du ministre remonte au hasard. Mais il sait qu’au total le volume du courrier augmentera.
D’où une loi probabilité chaque fois vérifiée. D’où une efficacité possible, si l’on tire les conséquences pratiques de ces déductions. Cela prouve-t-il que les gens écrivent par hasard ? C’est peu convaincant cela peut il démontrer qu’ils écrivent par nécessité, cela n’est pas d’évidence.
La querelle entre le hasard, ensemble des causes que nous ne pouvons démontrer, et la nécessité, ensemble de celles que nous connaissons a donné lieu à un mariage de déraison, annoncé par Democrite il y a quelques 2000 ans et célébré comme la dernière nouveauté il y a quelques années.
« Tout ce qui existe dans l’univers est le fruit du hasard et de la nécessité »
Un aimable auditeur m’a demandé un jour si j’avais rencontré ces deux procréateurs le hasard et la nécessité à l’origine de l’homme. Oui et non, car il serait temps de nous débarrasser de ce vieux paralogisme qui est à l’analyse qu’un truisme ayant l’air d’une pensée.
Si le hasard est bien l’ensemble des effets résultant de causes non démontrables (Paul écrit à Jacques pour lui souhaiter la bonne année) et la nécessité les effets dont les causes nous sont connues, alors ce joyau de l’analyse moderne se résume à l’assertion, un peu terne je le reconnais mais fidèle expression de la réalité.
Tout dans l’univers est le fruit de causes que je connais (nécessité) et d’autres dont j’ignore même si elles existent (hasard). Et à cette assertion chacun peut aisément souscrire. Mais elle a perdu toute pugnacité. Pourquoi parce qu’elle ne sous entend plus que le hasard est une chose en soit (ce qu’il ne peut évidemment pas être) mais simplement une expression elliptique de l’état actuel de l’ignorance.
Cas des ellipses qui autrefois survenaient par hasard et qui se prévoient maintenant par nécessité.
Autre exemple, en science s’il n’y a aucun moyen de prévoir un phénomène on dit qu’il est au hasard. Par exemple connaissant 99 des acides aminés d’une protéine, on ne peut prévoir par un modèle mathématique quel est le 100 que l’on ne reconnaît pas encore. Monsieur Monod dit alors que les acides aminés d’une protéine sont enchaînés au hasard. Mais cet emploi du mot hasard est un désordre de l’esprit très profond. Prenons un exemple de nombre. Le rapport de la longueur du cercle à son diamètre. Connaissant les 10 premières décimales personne ne peut prévoir la suivante ; il faut la calculer. Or quel mathématicien croirait que le nombre exact est réellement formé de chiffres choisis au hasard !!
Et dans la vie courante, celle dont parlait Democrite. Comment admettre ce dilemme. Pour le livre de Monsieur Monod, il serait outrageant et manifestement faux de prétendre qu’il l’a écrit par hasard. Mais serait ce plus aimable de prétendre qu »il l’a fait par simple nécessité ?
Alors, peut être parmi les lois que je ne connais pas et je dénomme hasard, y a-t-il un corps de doctrine, dont la connaissance pourrait nous être fort utile et qui loin d’être simplement l’une des composantes du hasard pourrait même être la source de toute nécessité.
La notion de religion
Contrairement à toute une exégèse pour dîner en ville, la religion n’est pas réductible à une croyance, au sens où l’entendent ceux qui parlent de leur Foi, qui ont mal à leur Foi, qui la perdent en rangeant leurs affaires et en discutent comme d’un organe par une faute d’orthographe inavouée. La religion est un corps de doctrine qui relie comme son nom l’indique, ce que nous connaissons (à peu près la nécessité) à ce qui dépasse notre connaissance et peut s’exprimer diversement par hasard, ou providence, manque de bol ou coup de pot, pas de chance ou grâce, disgrâce ou bénédiction, sans que nécessairement les deux termes soient dans chaque cas particulier entièrement et mutuellement exclusifs.
De même que dans le discours scientifique le plus strict nous admettons bien qu’un grain de lumière soit minuscule, infiniment petit et localisé dans l’espace et que dans certaines conditions il puisse être comparable à un gros ballon de plage – tout simplement selon les effets que nous observons.
Nous voici maintenant au cœur du problème :
La foi cette croyance fidèle en notre religion diffère-t-elle de la foi dans la Science dont nous venons de parler
Oui totalement. Non par la nature du sentiment qui nous y porte qui est dans les deux cas de nous incliner devant ce qui nous semble vrai, mais par l’objet de notre adhésion.
La foi ne change pas puisque reliant tout ensemble en une doctrine cohérente elle reste indéfiniment vraie. Par exemple on croit en Dieu ou l’on n’y croit pas. Mais la foi est toujours la même, on croit en Dieu si l’on a la foi et rien n’y peut faire.
La confiance que nous accordons à la science est fort différente car elle est toujours sous bénéfice d’inventaire. Que quelque théorie ingénieuse nous démontre qu’il doit exister un nouveau nombre entier entre 6 et 7, sous peine de détruire toute la cohérence du système de numération et, le nombre entier de 6bis sera accueilli à bras ouvert par tous les scientifiques, après tout les postiers l’ont bien accepté depuis longtemps et cela n’a pas modifié l’emplacement des maisons. Donc ça marche.
Pour plus de précisions, et au risque de faire une très grande peine à tous mes amis physiciens, permettez- moi, de vous faire une confidence : le bruit court en ce moment que les électrons n’existent pas mais ne sont qu’une façon anormale de dénommer un phénomène extrêmement complexe qui ne correspond en rien à cette petite boule d’électricité négative tournant sur elle-même. Que seulement cette rumeur devienne doctrine autorisant des prévisions plus exactes et psitt voila nos électrons rejoignant les épicycles de Ptolémée au musée des vieilles lunes.
Par sa nature même la doctrine scientifique ne peut en aucun cas susciter la foi persistante mais seulement une acceptation temporaire en attendant plus satisfaisant,
Au total, tout en la sachant fausse, nous croyons à la science moderne faute de mieux.
Au rebours nous adhérons à une religion et tout spécialement à la révélation chrétienne. C’est à dire parce qu’elle nous révèle ce que nous ne pouvons découvrir sans entrer en contradiction avec ce que nous connaissons.
La non incohérence
Le cheval de Troie de l’incrédulité consiste à faire une brèche dans la Religion pour y introduire un fragment de science et déclarer ensuite qu’elle fait mauvais effet dans le tableau. Et selon le principe implicite, qu’aucun scientifique n’admettrait jamais selon lequel une théorie communément admise vaut mieux qu’une donnée qui la contredit. Si ce fragment de science fait mal dans le tableau, c’est le tableau qui a tort d’où la mine attendue de la religion.
Cette manœuvre classique, aussi vieille que le monde demande à être prise sur le fait pour que son caractère dolorif soit pleinement élucidé.
Il serait, fastidieux de rechercher une par une les distorsions ainsi soulevées. Mais comme certaines ne sont qu’objets de conversations ordinaires, j’ai tenté de signaler quelques uns de ces lieux communs véritables anti-credo de douairières émancipées ou de théologiens sur le retour.
Dieu est mort – Déclaration très courante, d’un assez bon standing actuellement posant celui qui l’éructe comme un connaisseur du passé, sachant discerner la douceur d’un parfum désuet sans avoir peu du fort remugle de la terrible réalité. Bon je vous l’accorde, Dieu est mort : mais, alors, s’il vous plait, auriez-vous reconnu le cadavre ? Si non, le compte n’y est guère et vous m’apporterez demain s’il vous plait des nouvelles de sa santé.
2/ Dieu n’existe pas Déclaration plus logique dans son ensemble, puisque la mort évoquée ci-dessus présupposait une existence que ce nouveau rempailleur d’idées reçues récuse du premier chef. Bon Dieu n’existe pas dites-vous, fort bien, voila qui est clair et net, mais comment arriverez-vous à l’empêcher d’exister ? Car, sans passion et sans en. (mot manquant).avant l’heure. Ou bien Dieu existe et vous n’y pouvez rien, ou bien Dieu n’existe pas et vous n’y pouvez rien non plus. Le mieux serait d’aller y voir. Mais par sa Nature même, Dieu n’est pas directement visible. Que ferons-nous donc ? Disputer d’une existence que nous ne pourrons détruire si elle nous gênait ou fabriquer si elle nous manquait ? Pourquoi n’être pas scientifique pragmatique, pratique, positif, objectif, et tout et dire plus simplement. Voyons si l’hypothèse Dieu est en contradiction avec la Science. Voyons aussi si l’hypothèse pas de Dieu est de son côté en contradiction avec la Science.
Nous disputerons ensuite de nos préférences personnelles s’il nous reste du temps. Au vrai nous aurons toute l’éternité pour cela je vous l’assure mais vous n’êtes pas obligé pour l’instant de me faire confiance sur ce point.
Les origines de l’Univers
Voyons d’abord si l’existence de Dieu me gêne.
Au commencement Dieu fit le ciel et la terre et ainsi de suite. Il s’ensuit que toute ma science est de tenter de découvrir par ci par là comment Dieu s’y prend. En quoi cela me gène-t-il ?
Voyons si son existence m’incommode.
Au commencement……mais qu’y avait-il avant ?
De deux choses l’une ou bien il n’y avait rien, et même le hasard n’existait pas ? D’où donc tout est sorti Première gène – Ou bien l’univers et ses lois sont éternels et alors comment se fait-il qu’il évolue et que depuis le temps qu’il évolue il ne soit pas encore terminé puisqu’il évolue toujours, qu’il ait explosé du début comme nous le montre la fente des nébuleuses. S’il n’était pas autrefois ce qu’il est aujourd’hui comment affirmer qu’il a toujours été ?
S’en tirer par une pulsion continue, expansion et rétraction est fort intéressant, mais n’est pas démontrable.
Nous dirons donc pour conclure : Si Dieu existe cela ne gêne pas la Science telle que nous la connaissons et s’il n’existe pas cela lui pose quelques difficultés subsidiaires.
On admet généralement que la valeur d’une hypothèse scientifique se mesure à l’économie des hypothèses adventives. L’hypothèse Dieu est à l’évidence la plus économique qui soit. Nous ne pouvons débattre de sa réalité, à tout le moins elle ne peut nous gêner. Passons donc à la suite.
Les origines de l’homme
1/ Dieu prit du limon de la terre et crée l’homme à son image.
2/ L’homme a émergé par hasard des lois élémentaires de la Physico-chimie.
Voila en gros les deux positions possibles.
Tout d’abord on remarque qu’elles sont absolument identiques sauf sur un point, c’est que dans un cas le hasard et dans l’autre Dieu sont tous deux créateurs. Car entre le limon de la terre et les lois physico-chimiques il n’y a point de différence, les deux termes décrivant exactement la même chose, à savoir une certaine localisation d’énergie que nous appelons généralement matière.
Reste donc la notion précise, ce que nous avons de l’évolution qui s’est produite sur cette planète, de la solidification de la croûte terrestre à l’apparition de l’homme est-elle en opposition avec l’existence de Dieu ou est elle, en opposition avec l’hypothèse hasard.
Avant d’étudier ce point, une troisième voie à vrai dire une impasse doit être reconnue. C’est la notion selon laquelle il était nécessaire, vu les lois de la physico-chimie que l’homme un jour existât.
Cette notion quasi Hegelienne implique que des lois de la Nature étaient de toute éternité grosses de l’apparition de l’homme. Il s’agit bien d’une impasse puisqu’elle rejette au tout début toutes les potentialités dont l’épanouissement était inévitable. Elle n’est nullement une voie en soi puisqu’elle ne peut alors se différencier de la belle image du portail de Chartres, montrant Dieu créant le ciel et la terre et voyant dans la pensée l’apparition d’Adam. C’est la Nature faite Dieu ou plus exactement un Dieu aussi puissant que l’autre auquel il manque simplement la conscience de ce qu’il fait.
C’est tout au plus une spéculation sur la psychologie divine une tentative de psychanalyse de l’Id et de l’Ego sur la présence divine et cela dépasse quelque peu les compétences du raisonnement ordinaire. En tous cas celui de la piétaille des pauvres scientifiques.
Revenons donc à l’évolution.
Théorie de l’Evolution
On enseigne actuellement à l’école que les races se sont faites selon la théorie Darwinienne revue par la biologie moléculaire. En gros, sans se laisser impressionner par les mots trop savants cela se résume ainsi,
D’après la paléontologie il y eut d’abord des poissons, puis des reptiles puis des mammifères et tout récemment des hommes.
Bon, la séquence des évènements est identique celle que nous révèle la genèse, nous ne trouvons pas là de quoi chicaner bien au fond.
D’après la théorie néodarwinienne les espèces s’adaptent au milieu dans lequel elles vivent par un processus de sélection naturelle fort pratique.
Voici comment cela se passe. Chaque être vivant vint en ce monde avec un capital génétique, une véritable encyclopédie d’instructions, un discours microscopique sur la fibre de l’acide désoxyribonucléique. Sans trop simplifier les faits le fil d’ADN est ensuite copié en un autre fil d’ARN, lequel est lu par les ribosomes ou petites particules qui réalisent la synthèse des molécules actives, les machines outils de la cellule ou enzymes, exactement comme le ruban magnétique est déchiffré par la tête de lecture d’un magnétophone et dérodé en impulsions électriques pour restituer une symphonie à l’aide des vibrations d’un haut-parleur.
Si une erreur, une fausse note se glisse dans la partition elle sera transmise telle quelle à la suivante, et sera fidèlement: recopiée de génération en génération, à moins d’une nouvelle erreur, en sens inverse ou dans un autre sens.
Cette nouveauté, appelée mutation, détermine un changement de la forme et de la fonction de l’enzyme dont elle spécifie la formule et deux choses peuvent alors se produire : ou bien la mutation est mauvaise, l’individu qui la porte fonctionne moins bien avec cette nouvelle instruction que ceux qui ont conservé l’ancienne. Dans ce cas il aura moins de descendants ou même pas du tout et le changement sera éliminé à la longue ou presque immédiatement.
Ou bien l’innovation est bonne, elle confère un avantage à celui qui la porte et qui la transmettra à de nombreux descendants. A la longue les mutants remplaceront les anciens et le caractère nouveau deviendra la règle. Ainsi une race se différenciera d’une autre parce qu’il est préférable d’être blanc quand on est ours polaire et qu’il est plus adapté d’être brun quand on chasse dans la plaine ou dans la montagne.
Que ce processus puisse expliquer les différences raciales qu’il soit effectivement meilleur d’être noir de peau sous les tropiques que d’être roux et de ce fait sensible aux coups de soleil parait tout à fait plausible.
Une restriction cependant vient du fait que si la mutation est indépendante du milieu, on la dit communément au hasard par rapport à lui, elle n’a que très peu de chances d’être favorable au sens statistique du terme. Pour s’en convaincre il suffit d’intervertir au hasard deux connexions à l’intérieur d’un poste de télévision pour constater qu’une telle intervention n’améliore guère en général la réception de l’image. Bien sûr il n’est pas impossible que ce geste aveugle réalise soudain une finesse de montage qui avait échappé jusqu’ici à la sagacité des électroniciens, mais disons, sans pessimisme exagéré que cette probabilité est faible.
Pourtant, s’il y a beaucoup de mutations, et bien que la plupart soient à l’usage peu favorables, la sélection naturelle laissant passer seulement les meilleures, celles ci nous intéressent exclusivement et nous allons les retrouver dans un instant.
Une autre restriction s’impose sur la notion même de sélection qui dans l’esprit de Darwin et surtout de ses successeurs a permis de faire passer une (mot manquant) flagrante pour une hypothèse scientifique.
Si une mutation réussit, cela veut simplement dire qu’elle confère à l’individu une descendance plus nombreuse. Cela ne signifie nullement que l’individu lui même a progressé.
Par exemple l’accumulation de mutations augmentant la prolifération d’une bactérie peut être l’explication d’une épidémie soudaine. La nouvelle souche réussit, Darwinniennement parlant. Mais rien n’indique qu’elle ait progressé au sens de l’augmentation clé sa propre complexité, d’une élévation dans l’échelle des êtres organisés ;
A puni ; et a posteriori aussi, il n’existe à ce jour aucune raison de penser que la sélection naturelle portant sur les mutations simples favorise nécessairement un progrès vers la complexité. Progrès pourtant évident dans l’histoire de l’évolution. Plus même on peut calculer aisément qu’à la cadence actuelle de leur production les mutations sont totalement incapables d’expliquer l’évolution.
Alors quand on généralise en disant que l’évolution est expliquée par la génétique on fait ce que les banquiers appellent de la cavalerie, c’est à dire émettre des chèques sans provisions en espérant qu’on arrivera à renflouer le compte avant que les débiteurs mettent leur chèque en recouvrement. Car la génétique pour l’instant n’explique pas l’évolution.
Et dire que tout s’est passé par mutation au hasard et tri secondaire par la sélection naturelle n’explique rien du tout puisque tous calculs faits cela ne marche pas.
Si l’hypothèse Néo Darwinnienne a déjà fait long feu, bien qu’elle soit encore l’hypothèse de l’Ecole et que Monsieur Monod s’y laisse prendre tout comme un autre, toujours faute de mieux. Il ne s’en suit pas que ce problème nous soit toujours interdit. Pour le croyant en tout cas aucun obstacle absolu n’existe puisque comme je le disais tout à l’heure toute notre science est de tenter de comprendre, en des points très localisés comment Dieu s’y prend.
(…) accord sur la séquence d’apparition des être vivants, que la Religion soit en cause ou non et impossibilité pour la science actuelle de savoir comment cela s’est produit.
Avant d’arriver au Déluge, passons un instant près de nos premiers parents.
Hélas les pauvres, Adam et Eve n’ont pas trop bonne presse aujourd’hui. On les voit pudiquement dans certains catéchismes et quelques esprits éclairés s’avisent même qu’ils n’ont probablement jamais eu qu’une existence mythique, forgée par les rêveries de feu de camp d’une tribu bédouine.
Les bons apôtres ; mais où seraient ils donc eux même si leur père et leur mère n’avaient existé que mythiquement ?
La genèse des espèces
Après avoir évoqué l’évolution des races la théorie de l’Ecole a prétendu que les espèces se faisaient de même et n’étaient que des races tellement prolongées et séparées par le temps et l’espace et si bien adaptées qu’elles ne pouvaient plus se ressembler.
A ce propos comment se fait-il que chez les marsupiaux, qui élèvent leurs petits dans une poche, il y ait des lapins et des loups exactement comme chez les mammifères qui les ont quittés il y a belle lurette, géologiquement et géographiquement, silence pudique et manteau de Néré !
Mais qu’est ce qu’une espèce ? C’est un ensemble d’être vivants capables de se reproduire entre eux. Les races sont les parties d’une espèce, et deux sujets de race différente sont féconds entre eux et leurs enfants le sont indéfiniment s’ils appartiennent à la même espèce. Au total, dans une espèce donnée on peut faire passer un gène d’un groupe à un autre. Par contre on ne le peut pas entre deux espèces. L’âne et le cheval par exemple : leurs hybrides le mulet et le bardot sont stériles et l’on ne peut faire passer un gène d’âne chez les chevaux ou un gène de cheval chez les ânes. Et cela est tout à fait en accord avec l’évolution car si ce passage de l’une à l’autre espèce était réellement possible il n’y aurait que des chevânes et non des ânes et des chevaux.
Comment donc peut on faire une espèce ?
Chez les mammifères nous n’en savons rien car jusqu’ici aucun système expérimental n’y est parvenu. Chez les plantes on sait fort bien, à partir d’un couple unique, ce qui est d’autant plus aisé que chez les espèces qui portent en même temps des cellules reproductrices mâles et femelles, il suffit d’un seul sujet nouveau pour fabriquer une espèce entière. Le fait est avéré.
Mais pour l’homme.
Nos théoriciens d’Ecole d’entêtent à nous dire ça c’est fait doucement, un proto homme, façon gorille adouci ou (mots manquants) renforcé s’est petit à petit humanisé et par insensibles progrès de génération en génération a finalement aboutit à l’homo sapiens.
Techniquement cela ne tient pas car ce n’est pas ainsi que l’on fabrique les espèces végétales, mais ça évite Adam et Eve ce qui parait soulager énormément certains.
Et Dieu fit l’homme à son image et il lui donne une compagne qu’il créa en prélevant une côte à l’homme qui dormait.
Arrangez vous de cela généticiens catholiques disent fort aimablement les théoriciens de l’Ecole. D’abord faire descendre la femme de l’homme leur parait beaucoup plus offensant pour nos compagnes que de les faire tous deux descendre du singe, et puis ce coup de la côte…
Voire Nous savons depuis peu, même pas dix ans, et dans notre espèce uniquement (cela est bien suspect) que certaines femmes sont effectivement un fragment d’un homme, leur jumeau dont elles sont issues. Par exemple si l’oeuf au début est mâle XY et qu’il se divise en deux embryons dont l’un perd le chromosome Y il en résulte des jumeaux fort différents, l’un étant un garçon normal et l’autre étant une fille, imparfaite il est vrai car elle n’a qu’un seul chromosome X au lieu de deux normalement. En tout cas elle est bel et bien un fragment de son frère à telle enseigne qu’elle se plaignait de voir son frère lorsqu’elle se regardait dans un miroir. Ce que des psychanalystes n’eussent point manqué de trouver fort troublant, alors qu’elle décelait ainsi spontanément une réalité biologique fort difficile à concevoir.
Chez la femme la constitution avec un seul X est infertile ; mais il n’en est pas de même chez la souris par exemple ; la femelle à un seul X est parfaitement féconde. Le croisement de ces jumeaux exceptionnels nous fournirait l’autofécondation dont nous parlions précédemment chez les plantes. A supposer qu’une mutation chromosomique spéciale interdise à ces jumeaux de se reproduire avec la population d’origine (on connaît des exemples simples de ce fait) ce couple unique serait à l’origine d’une espèce nouvelle, vraie, autonome et persistante d’emblée et, n’en déplaise aux théoriciens de l’Ecole, beaucoup plus efficace que l’espèce impossible par petites mutations. Ceci ne veut Pas dire que le sommeil d’Adam ait été la torpeur embryonnaire, ni que sa côte ait été un simple blastomère, ni enfin que toute l’histoire se soit déroulée comme je viens de l’exprimer. A tout le moins on en peut conclure que l’idée de sortir une femme d’un homme est de nos jours parfaitement scientifique, et que la spéciation par couple unique est toujours de nos jours le seul moyen réellement connu.
Pardonnez-moi d’avoir tout à l’heure mentionné le Déluge, nous allons le dépasser fort heureusement si vous le voulez bien, d’autant que l’heure s’avance.
L’incarnation du Verbe
Mais si jusqu’ici aucune incohérence ne nous choque, que direz-vous de l’incarnation du Verbe, de la maternité virginale de Marie et de la double nature du Christ en une seule personne. Cela ne choque-t-il pas votre objectivité de scientifique.
D’abord et sans aucune humilité parce que tout le monde s’en douterait de toutes façons, je déclare honnêtement que je ne sais pas grande chose sur ces sujets.
Pourtant une réflexion simple s’impose.
Nous savons que ce qui définit la Vie n’est nullement la matière mais une information contenue dans la matière. C’est un peu comme une statue qui n’est par nature ni en glaise ni en bronze mais peut être supportée par l’un ou l’autre matériau. A la vérité ce qui se transmet d’une génération à l’autre est bien constitué de matière au sens de protons et d’électrons mais ce qui persiste est une accrétion de matière en fonction de l’information contenue dans la première cellule.
Voir le déterminisme biologique comme une instruction écrite dans la molécule d’ADN et c’est le consensus de la science d’aujourd’hui est très exactement admettre l’inscription d’une information dans la matière, ou encore sans solliciter les mots, la description physique d’une certaine incarnation du Verbe. Que ce verbe incarné, incomplètement donne cette merveille qu’est un homme, nul n’en peut douter puisque tous tant que nous sommes avons été conçus de cette façon.
Qu’une incarnation totale du Verbe soit possible et qu’elle soit survenue une seule fois n’est pas matière à démonstration. Mais pour le théoricien de la biologie moléculaire, l’opération du Saint Esprit prend un sens presque littéral qui n’exprime certainement pas la réalité et n’en saisit probablement qu’un infime détail mais qui n’est pas en contradiction avec ce que nous savons.
Qu’il faille une étape à cette incarnation totale, que cette étape en l’occurrence la Sainte Vierge soit nécessairement virginale est un mystère étrange. Il y a quelques dix ans des collègues me demandaient si le Christ avait un chromosome Y, puisque Marie étant femme n’en pouvait point avoir. Nous savons maintenant que cette question était au moins doublement soluble (sans compter la solution juste que nous ignorons) à savoir qu’il existe des femmes qui portent un chromosome Y et qu’à l’inverse certains hommes n’en ont pas.
Quelque balbutiante que puisse être notre analyse elle est probablement utile, non point qu’elle nous enseigne rien de précis mais simplement parce qu’elle nous révèle par analogie que certains faits qui eussent passé pour biologiquement impossibles il n’y a pas dix ans, ne violent plus aujourd’hui aucun non potest établi.
Plus même je crois que la nécessité d’une nature particulière de Marie, à savoir son immaculée Conception, prouvera probablement pour la plus formidable découverte scientifique des théologiens du moyen âge quand on enseignera dans les écoles primaires de l’an deux mille et plus qu’une étape de ce type est indispensable à l’incarnation d’une plus grande quantité de logos dans un système fini.
Ainsi que je vous l’avais dit au début, ce n’est qu’en fils de L’Eglise et en serviteur de la science que j’ai tenté de vous présenter non point de que je sais et ni surtout ce que je comprends car ces mystères sont insondables, mais ce qu’un spécialiste peut retirer de la confrontation entre ce qu’il (…) péniblement dans le grand livre de la vie et ce qu’il porte dans son coeur depuis sa prime jeunesse.
Sur aucun point connu n’existe de divorce constaté entre la Science d’aujourd’hui et la Religion de toujours. Sur aucune question de foi la science ne peut prétendre et ceci d’ailleurs n’est nullement pour nous surprendre puisque nous savons du reste, avant même d’y aller voir de plus près qu’il ne peut y avoir incompatibilité aucune entre l’objet de ma Religion et celui de la Science c’est à dire entre le vrai et le vérifiable.