Le serviteur de Dieu, Jérôme Lejeune
« Une phrase, une seule dictera notre conduite, le mot même de Jésus : ‘Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait’. » Jérôme Lejeune
Le 3 avril 1994, au matin de Pâques, le Pr Jérôme Lejeune fut rappelé à Dieu. Dès le lendemain le Saint Père Jean-Paul II fit parvenir un message au cardinal archevêque de Paris : « Si le Père des cieux l’a rappelé de cette terre le jour même de la Résurrection du Christ, il est difficile de ne pas voir dans cette coïncidence un signe.»
Médecin par vocation, chercheur par nécessité
Né en 1926 à Montrouge, Jérôme Lejeune va rapidement souhaiter devenir médecin.
Formé par des études classiques, tout le passionne, le théâtre et l’astronomie, la musique et les mathématiques et quand, dès la fin de la guerre il faut choisir, il se plonge avec passion dans les études de médecine.
En 1951 il rentre dans le service du Professeur Turpin, pour s’occuper de ceux que l’on nomme alors les mongoliens.
Dès cet instant bouleversé par ses patients « privés de la plénitude de vie qu’on appelle liberté de l’esprit », Jérôme Lejeune leur voue son existence et met tout son cœur et son intelligence à la recherche d’un traitement : «La compassion vis-à-vis des parents est un sentiment que tout médecin doit avoir. L’homme qui pourrait annoncer à des parents que leur enfant est gravement atteint et qui ne sentirait pas son cœur chavirer à la pensée de la douleur qui va les submerger, cet homme ne serait pas digne de notre métier.»
En 1958, il démontre pour la première fois au monde un lien entre la présence d’un 3ème chromosome 21 et le mongolisme. La publication de cette démonstration qu’il rédige en termes prudents, à partir de l’observation et l’analyse des trois caryotypes obtenus entre mai et décembre 1958, est faite à l’Académie des Sciences le 26 janvier 1959. Elle est signée Lejeune, Gautier, Turpin.
Il faut attendre cette première publication et surtout la seconde en mars 1959, pour que peu à peu la communauté internationale prenne la mesure de cette découverte.
Il reçoit alors d’innombrables prix et est nommé membre de nombreuses académies et institutions internationales. Le 6 juin 1959, quelques mois après la publication, il écrit dans son journal : « Si Dieu voulait que nous puissions enfin faire quelque chose pour ces enfants que j’observe, impuissant, depuis près de 10 ans déjà, quelle joie profonde ce serait.» Si cette découverte capitale fait de lui le ‘père de la génétique moderne’ elle va surtout faire naître en lui un sentiment d’urgence qui ne le quittera plus jusqu’à sa mort.
Témoin de Dieu, témoin des hommes
C’est en véritable poète que Jérôme Lejeune contemple ce qui l’entoure. S’ouvrir au mystère de la beauté du monde l’engage à lutter contre les défaillances de la nature surtout quand les victimes de ces dysfonctionnements sont ses « frères humains ». Agir pour rétablir l’harmonie, soigner et guérir, défendre publiquement la dignité et la vie de ses patients deviennent son premier objectif. Et quand la médecine propose de vaincre la maladie en supprimant le malade il n’accepte pas ce contresens absolu et devient l’infatigable avocat de ses patients.
Dans sa consultation à l’Hôpital Necker Enfants Malades, le regard qu’il porte sur chacun de ses 9 000 malades venus du monde entier frappe tous ceux qui le croisent.
Au chercheur, au médecin et au défenseur de la Vie, s’ajoute un chrétien nourri à une Foi « exigeante et brûlante » vécue au quotidien. Il témoigne de l’Evangile avec sa science, faisant ainsi preuve de l’adéquation totale entre la science et la Foi. Il répond clairement à ce propos « comment pourrait-il y avoir contradiction entre le vrai et le vérifié ? C’est toujours le second qui tarde ». Déjà membre de l’Académie pontificale des sciences, le Saint Père le nomme premier président de l’Académie Pontificale pour la Vie.
Son procès de béatification et de canonisation s’est ouvert le 28 juin 2007.