A l’âge réel d’un mois l’être humain mesure quatre millimètres et demi. Son cœur minuscule bat déjà depuis une semaine, ses bras, ses jambes, sa tête, son cerveau sont déjà ébauchés. A deux mois d’âge, il mesure de la tête à la pointe des fesses quelques trois centimètres. Il tiendrait replié dans une coquille de noix.
A l’intérieur d’un poing fermé, il serait invisible, et ce poing fermé l’écraserait par mégarde sans qu’on s’en aperçoive. Mais ouvrez votre main, il est quasiment terminé, mains, pieds, tête, organes, cerveau, tout est en place et ne fera plus que grossir. Regardez de plus près, vous pourriez déjà lire les lignes de la main et dire la bonne aventure. Regardez de plus près encore, avec un microscope ordinaire, et vous déchiffreriez ses empreintes digitales. Tout est là pour établir dès maintenant sa carte d’identité nationale.
L’incroyable Tom Pouce, l’homme moins grand que mon pouce, existe réellement ; non point celui de la légende, mais celui que chacun de nous a été.
Mais le cerveau, dira-t-on, ne sera terminé que vers cinq ou six mois. Mais non, il ne sera entièrement en place qu’à la naissance ; ses innombrables connexions ne seront toutes établies qu’à six ou sept ans et sa machinerie chimique et électrique ne sera complètement rodée qu’à quatorze ou quinze ans !
Progressivement on atteint la fin de la période embryonnaire, deux mois après la fécondation. A ce moment le petit est grand comme mon pouce. Et c’est à cause de cela que toutes les mères racontant des contes de fées aux enfants, leur parlent de l’histoire de Tom Pouce, parce que c’est une histoire vraie. Chacun de nous a été un Tom Pouce dans le ventre de sa mère et les femmes ont toujours su qu’il y avait une sorte de contrée souterraine, une sorte d’abri voûté avec une lueur rougeâtre et un bruit rythmé dans lequel de tout petits humains menaient une vie étrange et merveilleuse. Telle est l’histoire de Tom Pouce.