Belgique : Mgr SCHOOYANS
Nous nous sommes retrouvés à maintes reprises et dans des cadres internationaux très différents. Ce qui m’a frappé d’emblée chez Jérôme Lejeune c’est la rigueur avec laquelle il distinguait les niveaux de vérité. Dans son laboratoire ou en clinique il a fait réaliser la génétique des avancées spectaculaires. Au tournant du IIIème millénaire il a illustré avec éclat la prestigieuse tradition de la médecine française, celle à laquelle Claude Bernard avait donné ses lettres de noblesse. On observe, on expérimente, on formule des hypothèses et on les vérifie. Mais il se gardait bien de tomber dans une sorte de scientisme.
Il ne demandait pas à la science de résoudre des problèmes qui sont du ressort de la philosophie. Il savait que le champ de la raison humaine ne se cantonnait pas au niveau du “comment” mais que celui-ci propulsait au niveau du “pourquoi”.
Il ne rejetait pas d’un revers de main les questions essentielles relatives au sens de l’existence – au sens de la vie et de la mort. Toute l’activité scientifique de Jérôme Lejeune, toute sa réflexion philosophique étaient caractérisées par l’ouverture au mystère.
C’était l’homme des émerveillements quotidiens, face à une fleur, face à la paume d’une main, face aux pupilles des amoureux. Jérôme Lejeune était en quelque sorte un ravi des temps modernes. Il était ainsi préparé par sa double démarche de savant et de philosophe à s’ouvrir à un troisième niveau de vérité : celui de la Vérité. Or à ce niveau sa démarche s’est trouvée inversée.
C’est Dieu qui a fait le premier pas pour s’approcher de lui, se révéler à lui. Jérôme Lejeune a lu la trace de Dieu dans les lamelles de son microscope. Il a découvert l’image du Christ dans le visage des personnes trisomiques qu’il a soignées.
Mgr SCHOOYANS,
Professeur émérite à l’université de Louvain – Belgique